La masturbation n’est pas rien

 

 

Cette barre – pont mystérieux entre un trou où se cache de l’introuvable – grotte où dort un dragon – et le gland à l’affût, se levant, s’étirant le cou vers l’extérieur, prêt à plonger vers sa proie : Tout.

Ce sexe.

 

Ou bien il est dur.

Dans ce cas il fascine : la masturbation l’amènera à son état de bouillonnement extatique.

Le faire – ne plus attendre – !

“Pourquoi t’es-tu mis dans cet état sinon pour passer à l’acte, pour sauter, pour gicler ton sperme dans l’univers entier ?”

 

Ou bien il ne l’est pas, dur – et donc n’est pas.

N’est pas : sexe. Sexe, cet organe par lequel le mâle pisse, ne l’est que dur.

Pliable, flasque, il est pré-sexe – qui appelle le sexe, qui s’appelle comme sexe, qui (vite, vite !) va s’appeler sexe..

Dans ce cas, la masturbation le portera à l’existence, le tire du lit, l’éveille. “Allez, viens !”

Puis poursuit son œuvre.

 

Tous les garçons et hommes – qu’ils se spécialisent en hétérosexualité ou en homosexualité – ou dans n’importe laquelle de toutes les gradations intermédiaires – se masturbent.

 

Continuellement. Leur vie durant. Sinon par l’acte, dans l’imagination.

 

N’en déplaise aux femmes.

 

 

 

Le trou qui hèle

 

 

Sa queue est grande et dure. Son sexe est grand et dur.Sa bite est grande et dure.

 

Juste derrière lui, encore en lui – ça déglutit, ça démange.

 

Que lui arrive-t-il dans son trou ?

Le trou qui est en lui mais qu’il a appris à jeter loin derrière lui chaque fois qu’il chie.

Chaque fois qu’il chie chaque merde qu’il chie pour chier à jamais la chierie elle-même.

Ce trou connu pour être méconnu – pour qu’il soit à jamais dans ce trou, reste dans ce trou –

 

Ce trou têtu maintenant, qui lève la tête –

qui obscurément semble articuler pour lui, qui semble lui signaler qu’il ne le quittera jamais – même s’il chie toute sa vie hors de lui, même s’il se chie hors de lui-même – jamais le trou ne le quittera —

lève la tête et déglutit, semble déglutir le sperme même qui est lancé juste après par l’autre bout de sa queue, son gland à chaud –

qui lui dit qu’il est un second gosier – et que dans ce gosier, encore totalement inconnu, inimaginable, juste pressentissable, se cache un trésor, une source –

une source intarissable de SPERME incandescent qui le fait déjà, mais le fera toujours davantage, le garçon, homme.

La source mysteriéuse de son projet “garçon–>homme”.

 

 

 

L’espace qui suce

 

 

Sa queue est grande et dure.

Son sexe est grand et dur.

Sa bite est grande et dure.

 

Devant, loin devant lui – ça tire, ça démange.

L’espace le suce.

L’espace suce son suc.

L’espace tire son suc, jusqu’à ce qu’il se jette sur l’espace, dans l’espace, pénètre à une vitesse insensée cet espace –

augmente vertigineusement l’espace occupé par le corps-tige, le corps-piquet – ou le corps-écran, le corps-roue – du garçon.

Ce jet de démangeaison, démence-en-raison, ce jet de SPERME qui le fait, le garçon, homme.

Son jet “garçon–>homme”. Son projet.